Georges Deulin-Verdal, cartothécaire de la Bibliothèque nationale de Paris

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Le choix du Portugal comme pays invité de l’édition 2022 du Pageant International de Géographie, qui s’est tenu du 30 septembre au 2 octobre à Saint-Dié-des-Vosges, est l’event d’évoquer la vie et l’œuvre de Georges Deulin, bibliothécaire de la part des Cartes et Plans de la Bibliothèque Nationale, qui s’était spécialisé dans les portulans portugais.

Cet article qui aborde la vie de la Bibliothèque Nationale pendant l’Occupation vient aussi abonder le programme de recherche La Bibliothèque nationale sous l’Occupation. Des sources pour l’histoire du livre et des collections entre 1940 et 1946.

En 1939-1940, Georges Deulin, bibliothécaire au sein de la section des Cartes et Plans de la Bibliothèque nationale, publiait un recensement des cartes et plans portugais conservés à la Bibliothèque nationale. Sur invitation de plusieurs personnalités du Portugal, son catalogue paraissait sous forme de plusieurs livraisons du périodique portugais Boletim geral das colónias, soit l’organe officiel de l’Agência Geral das Colónias, agence qui se proposait de faire la propagande de l’œuvre colonisatrice du Portugal.

Né en 1925, le Boletim da Agência Geral das Colónias, devint en 1935 le Boletim Geral das Colónias. En août 1951, soit après que l’Estado Novo décida de faire de ses colonies des régions à part entière1, le bulletin changea de nouveau de nom pour devenir le Boletim Geral do Ultramar, titre qu’il conserva jusqu’à sa mort, intervenue en 1969, alors que les guerres d’indépendance ont disloqué l’empire colonial portugais.

Grâce à la Fundação Portugal-África, le périodique est intégralement numérisé et mis en accès libre au sein de la bibliothèque numérique des mémoires d’Afrique et d’Orient, Memórias de África e do Oriente, à l’adresse : <http://memoria-africa.ua.pt/Library/BGC.aspx>, ce qui offre un accès facilité à ce catalogue des collections de la BnF.

Préfacé par l’historien de la marine et conservateur du département des Imprimés de la Bibliothèque nationale Charles de La Roncière (1870-1941), le catalogue de Georges Deulin match l’objet de cinq livraisons du périodique, entre décembre 1939 et juin 1940 :

  1. Deulin, Georges (1892-197?2), « La cartographie portugaise à la Bibliothèque nationale de Paris », Boletim geral das colónias, 1939, dezembro, Ano XV, n° 174, p. [6]-54.
    Disponible sur Web, url : <http://memoria-africa.ua.pt/Library/ShowImage.aspx?q=/BGC/BGC-N174&p=8>.
  2. Deulin, Georges (1892-1974?), « La cartographie portugaise à la Bibliothèque nationale de Paris », Boletim geral das colónias, 1940, janeiro, Ano XVI, n° 175, p. [5]-30.
    Disponible sur Web, url : <http://memoria-africa.ua.pt/Library/ShowImage.aspx?q=/BGC/BGC-N175&p=7>.
  3. Deulin, Georges (1892-1974?), « La cartographie portugaise à la Bibliothèque nationale de Paris », Boletim geral das colónias, 1940, fevereiro, Ano XVI, n° 176, p. [35]-56.
    Disponible sur Web, url : <http://memoria-africa.ua.pt/Library/ShowImage.aspx?q=/BGC/BGC-N176&p=36>.
  4. Deulin, Georges (1892-1974?), « La cartographie portugaise à la Bibliothèque nationale de Paris », Boletim geral das colónias, 1940, maio, Ano XVI, n° 179, p. [16]-39.
    Disponible sur Web, url : <http://memoria-africa.ua.pt/Library/ShowImage.aspx?q=/BGC/BGC-N179&p=17>.
  5. Deulin, Georges (1892-1974?), « La cartographie portugaise à la Bibliothèque nationale de Paris », Boletim geral das colónias, 1940, junho, Ano XVI, n° 180, p. [40]-72.
    Disponible sur Web, url : <http://memoria-africa.ua.pt/Library/ShowImage.aspx?q=/BGC/BGC-N180&p=41>.

Réunies en un volume, elles sont aussi conservées à la BnF en plusieurs exemplaires3.

Georges Deulin, spécialiste des portulans

Dès 1935, Georges Deulin, infatigable bibliographe4, produisit plusieurs catalogues dactylographiés des portulans « et pièces assimilables ou connexes » comme il le déclara lui-même5, conservés d’abord à la Bibliothèque Nationale, puis à la bibliothèque de l’Arsenal :

  • Répertoire des portulans sur vélin et des Cartes de même type dont les originaux sont conservés à la part des Cartes et Plans de la Bibliothèque Nationale, avec l’indication de leurs facsimiles et de leurs reproductions diverses qui se trouvent dans ce dépôt, [Paris], 1935, 1 vol. (107 f.).
  • Répertoire des portulans et des pièces assimilables conservés au Département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale : relevé établi, à l’usage tout particulièrement des lecteurs de la section des Cartes et Plans, [Paris] : [s.n.], 1936, 1 vol. dactylographié. Disponible sur Internet, url : <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52512699c>.
  • Catalogue détaillé des portulans et pièces assimilables conservés à la Bibliothèque Nationale, tant à la Section des Cartes et Plans qu’au Département des Manuscrits, Paris, 1937, 1 vol. (VI-197 p.).
  • Les portulans de la Bibliothèque nationale et de la Bibliothèque de l’Arsenal. Écoles catalanes : bibliographie, Paris, 1940, 1 vol. (41 p.) : dactylographiées ; 29 x 22 cm
  • Catalogue des portulans et pièces assimilables ou connexes du Service hydrographique de la Marine, Paris, 1942, 1 vol. (149 f., autographié) ; 21 x 25 cm

Carrière à la BN

Georges Deulin intégra la Bibliothèque nationale (BN) par la petite porte. En effet, à partir du 7 mai 1917, il est en réalité attaché à la Bibliothèque des sociétés savantes6, hébergée dans le quadrilatère Richelieu dans deux salles qui jouxtaient la section des Cartes et Plans mais qui n’est pas un « service » ou une entité en propre de la BN. En 1919, il est nommé bibliothécaire. Il finit par entrer à la BN au Service du Catalogue. En 1925, il quitte ce dernier service pour intégrer la section des Cartes et Plans afin de remplacer Albert Isnard (1861-1949) qui avait fait valoir ses droits à la retraite.

Le déclenchement du seconde conflit mondial ne laisse pas de traces dans les mémoires de Georges Deulin. Le 1er janvier 1940, il est promu à la première classe. En mai 1940, il « se trouve en liaison avec la Section Method des Troupes Coloniales » : il prend part au 2e Salon de la France d’Outre-Mer qui se tient du 2 au 26 mai au Grand-Palais7.

Ministère des Colonies. Deuxième salon de la France d'outre-mer, Grand-Palais, 2-26 Mai 1940 Paris
Ministère des Colonies. Deuxième salon de la France d’outre-mer, Grand-Palais, 2-26 Mai 1940 Paris

La Section des Troupes Coloniales comprenait en effet une partie dédiée à la géographie présentant des paperwork de la Bibliothèque Nationale : « Pour le visiteur qui vient de la salle consacrée à la « Vie Militaire aux
Colonies », à gauche, des cartes anciennes montrent leurs curieux contours et leurs précieuses gravures sur cuivre ; au milieu du panneau,
4 paperwork rares qui couvrent le monde, d’une finesse et d’un sens
artistiques extrêmes (collection Mayer). De half et d’autre des portulans,
des documents remarquables et attachants, des boussoles chinoises, des
globes en creux qui évoquent toutes les aventures et toute la poésie
des voyages et des expéditions d’outre-mer. (Bibliothèque Nationale et
collection Kammerer.) Devant ces cartes, un brick érige ses huniers.
Au centre, un curieux globe qui s’ouvre à la façon des parapluies. A
droite, sous le bloc de la France, dominant le paquebot-transport de
troupes (Cie Gén. Transatl.), les cartes modernes, des spécimens, des plans de travaux cartographiques, montrent le travail et l’œuvre accomplie, œuvre grandiose comme le panneau central l’atteste »8.

Georges Deulin rédige un rapport de mission intitulé Au 2ème Salon de la France d’Outre-Mer (mai 1940)9 où l’on apprend qu’il participait au Salon également à titre individuel, prêtant des objets de sa collection personnelle. Ce n’est qu’après avoir listé les pièces de sa collection qu’il mentionne les 19 pièces de la Part des Cartes et plans de la Bibliothèque Nationale (avec leurs cotes) qui furent prêtées à l’exposition.

Au moment où l’armée allemande entre dans Paris, déclarée ville ouverte, le 14 juin 1940, l’Administrateur Bernard Faÿ souligne que Georges Deulin est le « seul fonctionnaire de la Section à Paris pendant l’été 1940, [qui] a assuré le service pendant cette période, a rédigé les fiches d’une série d’atlas de voyages que Ch. du Bus se proposait de traiter »10.

Dans ses Notations bio-bibliographiques de décembre 1965, Georges Deulin revient sur cette période : « Demeuré à son poste au début de l’Occupation – sans la moindre inclination d’ordre politique pour l’envahisseur [précise-t-il pour lever toute ambiguïté quant à sa présence] -, Deulin assure, seul, le service de la Part géographique, puis lui est confiée la sauvegarde des Bibliothèque militaires, au Ministère de la Défense nationale, à l’Ecole de Guerre, aux Invalides, aux Archives de l’Artillerie (à Saint-Thomas-d’Aquin) et du génie (rue de Bellechasse. Pour ses états de service en d’aussi pénibles circonstances il recevra de platoniques compliments [rajoute-t-il non sans une pointe de regrets]. Il passe à l’Arsenal, sur sa demande, pour convenances personnelles. »

Après l’armistice du 22 juin 1940, Georges Deulin guarantee le Service public pour le fonds moderne au sein de la part des Cartes et Plans avec Paul Poindron (1912-1980)11.

Le rapport fait par l’Administrateur Bernard Faÿ au Maréchal Pétain rend compte de la mission qu’il confia à Georges Deulin :

Dès le lendemain de l’armistice, M. Bernard Faÿ, informé de l’état complete d’abandon où avaient dû être laissées les bibliothèques nombreuses & souvent fort intéressantes qui relevaient de l’administration militaire, saisit aussitôt de la question les autorités occupantes & chargea M. Deulin d’une mission provisoire
de sauvegarde.&

Faÿ, Bernard, Le fonctionnement et la réorganisation de la réunion des bibliothèques nationales de Paris : 15 juin 1940-31 déc. 1942, Paris : Bibliothèque nationale, 1942, p. 153.

En effet, les autorités occupantes avaient trouvé dans les caves de l’École Militaire des livres précieux, entassés dans des paniers, provenant de la Bibliothèque de l’École Supérieure de Guerre. Ils avaient subi des dégradations dues à l’humidité. Bernard Faÿ chargea donc Georges Deulin, l’un des rares à être resté sur place sans garnir les rangs des Parisiens partis sur les routes de l’Exode, à se mettre « en rapport avec les autorités occupantes afin de prendre les mesures nécessaires à la conservation de ces volumes & de s’assurer que les autres bibliothèques du Département de la Guerre à Paris n’ont subi aucun dommage. »

Cependant, dès le 9 décembre 1940, la mission est confiée au chef du Secrétariat method.

En 1956, Georges Deulin revint sur cette mission qui lui avait été confiée, en ces termes : « Le Salon comportait encore, entre autres beaux paperwork exposés, des souvenirs du Général Lenfant, des Colonel et Cdt Pein, d’Ernest Psichari, des croquis de paysages dessinés en Indo-Chine par le Commandant, – alors lieutenant -, Gérard, l’inventeur de la bicyclette pliante, mais ces dessins et d’autres objets de valeur, entreposés, à l’problem du Salon, à la Part Method des Troupes Coloniales12, aux Invalides, Hall de Collioure, disparurent lors de l’invasion des locaux, quelques semaines plus tard, et mes recherches personnelles, quand je fus chargé, seul, de sauvegarder les divers dépôts d’archives et bibliothèques militaires, dans les tout premiers temps de l’occupation, restèrent infructueuses ; j’ai, pour ma part, perdu ainsi des pièces du mes collections propres.
Ce n’est pas sans émotion que j’ai revu mes notes, au bout de seize ans bien révolus, et que j’ai rédigé ces simples feuillets : je conserve tellement au fond de ma mémoire l’éclat de cette manifestation coloniale, si proche, pourtant, du pire pour la France et pour le Monde, mais quand le mot colonisation était encore, conne il se doit, synonyme de Civilisation. »

Après son passage par le service des Cartes, Georges Deulin est affecté en octobre 1942, sur sa demande, à la Bibliothèque de l’Arsenal, pour « convenances personnelles » souligne-t-il comme pour taire un différend ou par dépit de ne pas avoir été récompensé comme il l’estimait pour son action après la drôle de guerre13. Il œuvre à l’Arsenal de 1942 à 194514 jusqu’en septembre 1945 où il entre au département de la Musique (alors dénommé la bibliothèque du conservatoire de musique et d’art dramatique) jusqu’à son départ à la retraite.

Il quitte ainsi la Bibliothèque nationale, le 12 mai 1952, avec le grade de Bibliothécaire de 1ère classe. L’année 1952 est pour lui celle des bilans, celle où il dactylographie plusieurs bibliographies de sa manufacturing qu’il remet à la Bibliothèque dont l’une s’achève par ces mots : « Et que réservent les vieux jours ? »

Georges Deulin versus Georges Verdal

Le bibliothécaire des Cartes et plans fut aussi poète et écrivain, sous le pseudonyme de Georges Verdal, employé moins pour cacher son identité que pour distinguer sa manufacturing en fonction de ses domaines d’intervention. Dès son entrée dans la vie lively, il décide de signer :

dès lors ses publications littéraires Georges VERDAL, – un nom languedocien tiré de ses origines maternelle -, cela par goût d’indépendance et aussi pour éviter que l’on ne lui attribuât une parenté, – laquelle n’existe nullement -, avec l’auteur des “Contes d’un Buveur de Bière”. Déjà en 1913, il avait usé de ce pseudonyme dans la Revue Le Mail, il ne signera plus désormais de son nom que des publications methods ou concernant, peu ou prou, le domaine des Bibliothèque. Dédoublement de la personnalité dont notre auteur n’est pas, tant s’en faut, l’inventeur.

Certaines signatures mêlent les deux noms Deulin-Verdal15. Son pseudonyme est d’ailleurs explicitement dévoilé dès sa première publication, avec son recueil de poèmes Aquitaines, signalé dans l’Annuaire international des lettres et des arts de langue ou de culture française 192216 ou encore dans l’Annuaire général des lettres de 193317.

On n’est pas sérieux quand on a 17 ans

Il entame sa carrière littéraire par la poésie qu’il publie d’abord sous son nom puis ensuite exclusivement sous le pseudonyme de Georges Verdal.

L’étape de la publication se fait d’abord en revues, alors qu’il est encore au lycée Rollin, à ses dix-sept ans. En effet, ses premiers vers sont publiés en juillet 1909 dans une revue dont il est l’un des fondateurs à Montmartre, Miscellanées18.

La Pléiade de la Taverne de Paris

La juvénile équipe des fondateurs, tous, à, peu de selected près, du même âge, se réunissait fréquemment dans l’ancienne “Taverne de Paris”, près de la Place Clichy, devant le fresques montmartroises de Willette et de Steinlen ; nos débutants ès-Lettres étaient au nombre de sept,- nouvelle Pléiade : outre DEULIN, déjà nommé, Henri CHASSIN19, de l’Ecole Normale d’Auteuil, l’initiateur de l’entreprise, grand et solide garçon aux cheveux châtain clair, fervent admirateur de la lyre lamartinienne et des Romantiques allemands, mais défenseur tenace, comme ses amis, des règles classiques du la versification, – Henry BORDRY, du Collège Chaptal, aimable compagnon et rimeur sentimental – (Chassin et lui étaient de bons camarades de vacances de Deulin en Orléanais) -, puis Robert MARCHAL, “pâle sous ses longs cheveux noirs”, le seul déjà nanti de toute sa moustache d’époque et qui, d’une tournure d’esprit philosophique, curieux de psychologie et de questions musicales, se préparait du Lycée Condorcet à l’Ecole Normale Supérieure , – Louis JARDIN, de Chaptal, un blond assez trapu, aux joues pleines, doué d’une fantaisie de chansonnier, – Maurice SIMART, fils du Directeur de l’imprimerie de la Presse, basané, maigre, nerveux, exubérant, d’apparence méridionale, voire orientale, féru en diable de Victor Hugo, – enfin René LEHMANN, de Rollin, observateur, humoriste, le prosateur en titre de ce Cénacle et qui devait dans le journalisme sportif et la critique du cinéma se faire un nom.
Les “Miscellanées”, imprimées sur les presses de la Rue du Croissant, durèrent jusqu’à l’ouverture des hostilités, avec le concours d’autres jeunes auteurs, plus ou moins poètes, mais Deulin avait, pour convenances personnelles, cessé d’y collaborer en 1912 et Robert Marchal, dès avant la publication du troisième numéro, s’était retiré du groupe, par suite d’un désaccord sur l’orientation à donner au mouvement de la revue. Marchal, brillamment entré à l’Etablissement de la Rue d’Ulm, fut, au début de Septembre 1914, tué en Lorraine, pays de son père, alors qu’il venait d’arriver sur le champ de bataille. (Deulin, sous la signature George VERDAL, a fait paraître sur Marchal une discover dans l’ANTHOLOGIE DES ECRIVAINS MORTS A LA GUERRE, au tome I). Henri Chassin, atteint au graduation des opérations, d’une commotion très grave, – y succombe après une longue agonie. – ( Lehmann lui a consacré un article dans l’ANTHOLOGIE précitée). Maurice SIMART succéda à son père dans la path de l’Imprimerie de la Presse ; d’une nature fiévreuse, extrêmement lively, SIMART produisit pressure poèmes, romans, and so on., mais sa vie fut brisée internet, au seuil de la quarantième année, par une crise d’urémie. Louis JARDIN et Henry Bordry, tout en gardant le goût des choses de l’esprit, s’occupèrent et continuèrent à s’occuper d’affaires, en province du côté du Val de Loire.

Son poème Automne est publié dans Le Mail : revue littéraire mensuelle (n° 2, 1913.)20.

Il fréquente les milieux mondains pour y déclamer sa poésie dans les salons littéraires et notamment « le salon de Mme Aurel qui lance les Jeunes et sauve les Oubliés »21. Ainsi, en 1917, il participe avec les poètes Edouard Gazanion (1880-1956), Eugène Cruck, les critiques Michel Marcille et Léon Guillot de Saix (1885-1964) à l’hommage rendu au poète Pierre Vierge (18..-1944) au sein du salon littéraire nommé dans la presse les « Heures du Memento» d’Aurélie Octavie Gabrielle Antoinette de Faucamberge (dite Mme Aurel) (1869-1948)& ((Sur Mme Aurel, voir : Réval, Gabrielle, « Aurel », dans : La Chaîne des dames, Paris : G. Crès,& 1924, p.& 3-24. Disponible sur Internet, url : <https://fr.wikisource.org/wiki/La_Cha%C3%AEne_des_dames/Madame_Aurel>.)) ou « les Jeudis de Mme Aurel », organisé dans son hôtel parisien du 20 rue du Printemps22.

Le Four octobre 1917, l’époux d’Aurel, Alfred Mortier (1865-1937) et Georges Verdal récidivent pour fêter André Romane (1888-1942) et Marc André de Rollin (1893-1917)23. Les poèmes furent dits par l’actrice et élève de Sarah Bernhardt& Jeanne Dorys, Madame de Moulins et par José Rolland24.

En 1921 il publie un recueil de poèmes célébrant l’Aquitaine qu’il qualifie de :

poèmes aux rythmes souples, librement classiques, avec quelques licences, dont l’auteur s’était précédemment gardé, mais toujours la ardour des rimes riches et rares, avec la consonne d’appui.

Mais l’œuvre est vertement accueillie par Louis Payen (1875-1927) qui qualifie ses vers d’« aimables et quelconques. »25. L’Intransigeant écrit que « Ce sont de gentils poèmes d’un ton chevaleresque, d’un tour gracieux qui célèbrent le même esprit qui inspira jadis nos troubadours »26. Le belge Théo Fleischmann (1893-1979) se montra plus indulgent en en qualifiant le « Titre délicieux, d’une grâce française, légère et fraîche, née au « doux pays des eaux » », et l’ouvrage de « Petit livre charmant aussi, de séduisante simplicité, imprégné vraiment de ce souffle angevin si doux aux évocations »27. De même, l’écrivaine Jean Balde & (1885-1938), dans un article saluant la création littéraire de Toulouse, signale «& le délicat et harmonieux poète des Aquitaines »28.

Claude Barjac (1883-1948), après un début ambigüe où il mentionne un « singulier enchantement » se laisse aussi aller à la critique : « On ne peut dire que M. Georges Verdal soit un grand poète et dans les quelques poèmes qu’il réunit aujourd’hui, il n’y a pas hint de génie » même s’il affirme que « l’on retrouve dans ses vers l’accent de tout un pays, l’accent de quelques-uns des meilleurs poètes de la Renaissance française. »29.

Georges Deulin fonde de grands espoirs dans cette première publication. Il s’abonne au service du Courrier de la presse : Lis tout. Renseigne sur tout de Ch. Demogeot (fondé par Alfred Gallois en 1889) qui lui adresse les coupures de presse concernant sa parution.

Cet accueil critique réservé ne l’empêche pas de vouloir récidiver en 1922 avec Nos ombres heureuses30.

En février 1922 c’est à son tour de faire les honneurs des causeries du salons du couple Aurel – Alfred Mortier : le jeudi 16 février 1922, à 16h, Nicolas Beauduin (1880-1960) parla de Gauthier-Mary, et Suzanne Teissier (1887-1936) de Georges Verdal, au cours d’une séance où des poèmes furent déclamés par Mesdames de Moulins-Yven, Vellini, Lucien Cressonnois (1860-1909) et l’acteur de la Comédie française Albert (Duléry) Reyval (1882-19..)31.

Au cours de la séance du jeudi 11 mai 1922, & André Lamandé (1886-1933)& parla de Gaston Picard (1892-1962) (La bougie bleue) ; Mme Tristan Franconi et Georges Verdal en lurent des fragments ; l’actrice Marie Marcilly (1871-19..) dit des poèmes du poète magistrat Joseph Mélon (1868-1941)32.

Georges Deulin prend aussi part à la séance du jeudi 18 mai 1922 où furent célébrés « M. Joseph Melon, poète, et M. Gaston Picard, romancier et poète », comme en témoigne le compte rendu publié dans Le Carnet de la semaine33.

A la séance du jeudi 18 janvier 1923, où Le Rituel de la volupté de Pierre Bonardi (1887-1964), paru aux Éditions de la Sirène en 1922, fait l’objet d’un conférence de maître César Campinchi (1882-1941), des fragments sont dits par Georges Verdal et les poètes Suzanne Tessier (1887-1936), René Fauchois (1882-1962), et Philippe Crouzet (1899-1929)34.&

En 1925, il adhère à la Société des Gens de Lettres où il est référencé sous son pseudonyme35.

Il est également membre du Comité des cahiers féminins36 présidé par Mme Jean Balde (1885-1938), vice-présidé par André Févret (1879-1958), de la Bibliothèque nationale et comptant comme membres Paul-Louis Grenier (1879-1954) et Charles Marchesné (1887-1947)37, comité scientifique qui dirige la assortment Les Cahiers féminins de l’éditeur Bloud et Gay, imités de la assortment Les Cahiers verts38 et qui a connu 9 numéros, le dernier étant l’ouvrage Aiguillages de Jean Balde, paru en 1928.

L'Éducation physique, 15 mai 1926, n° 41, p. [36].
L’Éducation physique, 15 mai 1926, n° 41, p. [36], https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9788453q/f38

Georges Deulin se mobilise en faveur de l’octroi de la Légion d’honneur à l’éditeur Edgar Désiré Malfère (1885-1943), « le poète et éditeur de poètes »39, éditeur entre autres de l’Anthologie& des écrivains morts à la guerre (1914 – 1918) qui le ruina et au sein de laquelle Georges Deulin contribua avec la publication de deux biographies : ce dernier signe la pétition lancée pour que soit attribuée la Légion à l’éditeur, sans succès40.

« Carnet des lettres », La Lanterne, 11 octobre 1925, n° 17301, p. 3.
« Carnet des lettres », La Lanterne, 11 octobre 1925, n° 17301, p. 3.
« Carnet des lettres », La Lanterne, 11 octobre 1925, n° 17301, p. Three.

En 1936, la poésie de son début de carrière littéraire est rappelée lors d’une matinée poétique organisée par Les Mardis des poètes, un groupement animé par Emmanuel Aegerter (1883-1945) et Francis Cowl (1913-1975), le mardi 15 décembre à 16h au théâtre du Grand-Guignol, situé 7 cité Chaptal41, en location gratuite : « Au programme : Poèmes d’Anna de Noailles, Alcanter de Brahm, José de Bérys, Gabriel Boissy, Georges Duhamel, A. Foulon de Vaulx, Louis de Gonzague Frick, Maurice Magre, Maurice Mayen, Xavier Privas, Gabriel Robert, Camille de Sainte-Croix, Georges Verdal, et un acte en vers de Jean Honorez : Le Pardon, interprété par M. Maurice Rostand ; Mmes Clauderval, Cécile Didier, J. Leclerc, Germaine Ledoyen, Hélène Melvyl, Gabrielle du Mesnil, Francine Lorée Privas, Jane Sarrazin, Marcelle Servière, Simone Tournier-Leclerc ; MM. Francis-Cowl, H. Danvilliers et Robert Le Flem. »42.

Georges Deulin donna occasionnellement des conférences à la radio, comme par exemple dans l’émission les Idées et les livres de la Fondation des Nouvelles littéraires diffusée par l’Institut radiophonique de la Sorbonne (458 mètres et 2650 m) à 13h30. Ainsi le samedi 14 mai 1927, il y évoqua la « littérature hispano-américaine »43.

Réagir

Comme le montre sa bibliographie, Georges Deulin fur un collaborateur du quotidien L’Intransigeant ainsi qu’un contributeur très régulier de deux revues, d’une part L’Éducation physique et, d’autre part Réagir, la revue de « tradition humaine » du docteur Pauchet44. Frédéric Saisset (1873-1953), avec lequel Georges Deulin publia un ouvrage en 1947, en était le rédacteur en chef.


Cette revue, qui se suggest d’apporter dans le désarroi
actuel des formules morales et précises et énergiques, s’ouvre
sur un article symptomatique signé du docteur Pauchet lui-
même, et qui s’intitule : De l’Enthousiasme. Nous avons trop,
souvent ici même fait grief à notre époque de s’appliquer à
rabattre, à méconnaître l’enthousiasme, à lui faire même une
réputation de danger public alors que, seul, il porte le salut,
pour ne pas nous réjouir de voir le docteur Pauchet apporter
l’appui de son nom à cette thèse.
Son article se termine par ce paragraphe : « Rappelez-vous
de ceci : par la focus de tous vos sentiments et de toutes
vos forces vers un but distinctive, vous obtiendrez le succès. Là
réside sa condition. Ce however que vous avez décidé d’atteindre,
le raisonnement seul ne vous le fera pas obtenir. Sans l’enthousiasme, rien de grand. »

« Sur l’enthousiasme », Lyrica, 1935, avril-juillet, n° 136-138, p. 2650. Disponible sur Internet, url : <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54109092/f18>.

La revue Réagir, dans les publicités que son éditeur J. Oliven insérait dans ses ouvrages45 affirmait :

Avec son groupe de collaborateurs éminents, RÉAGIR vous apportera chaque mois le réconfort qui vous est nécessaire.
RÉAGIR s’adresse à l’être humain sans aucune distinction de race, de faith, d’opinions politiques. Son however est de rendre service.
Cette revue n’a d’autre ambition que d’être utile à tous.

Elle revendique un grand nombre de collaborateurs mêlant médecins et hommes de lettres : Emmanuel Aegerter (1883-1945), Henri Allorge (1878-1938), Dr Henri Arthus, Dr Stephen Artault de Vevey (1862-1938), Octave Aubry (1881-1946), Georges Barbarin (1882-1965), F. Baud, G.-E. Bertin, Théo Bugnet, Jean Charles-Brun (1870-1946), Dr Louis Chauvois (1881-1972), Dr Louis Dartigues (1869-1940), J.-E. Eliet, Dr Paul Farez (1868-1940), Claude Farrère (1876-1957), André Fayol (1906-1965), Dr Henri Gaehlinger, Septime Gorceix (1890-1964), Paul-Louis Grenier (1879-1954), Émile-François Julia (1873-19..), Édouard De Keyser (1883-1974), Dr R.-S. Lacape, Dr René Lacroix, Hugues Lapaire (1869-1967), Léo Larguier (1878-1950), de l’Académie Goncourt, Philéas Lebesgue (1869-1958), Émile Lutz (1868-1940), Dr Léon Mabille, Émile Magne (1877-1953), Henri Mangin-Balthazard, Maurice Maeterlinck (1862-1949), Léone Mahler (1899-….), André Maurois (1885-1967), Henri Mazel (1864-1947), George Mis, Henry Noëll (1883-19..), Paul Nyssens, Achille Ouy (1889-1959), Edmond Pilon (1874-1945), Armand Praviel (1875-1944), Dr Pierre Prost, Rabette (1896-1945), Romain Roussel (1898-1973), Pascale Saisset (18..-19..), Léon Saisset, Isabelle Sandy (1884-1975), Lucien Stéfani, Dr André Strohl, Hector Talvart (1880-1959), Maurice Torfs, Louis Vaunois, Georges Verdal, Jean des Vignes-Rouges (1879-1970), René Violaines (1898-1980).

Avant les pages de publicités, la revue insère son credo :

Réagir

Un adepte de l’hébertisme ?

Comme le montre à loisir sa bibliographie, Georges Deulin fut un collaborateur régulier de la revue L’Éducation physique fondée par l’officier et éducateur Georges Hébert (1875-1957)46, notamment de la rubrique des « Notes historiques et géographiques » qu’il agrémente de reproductions provenant de la Bibliothèque Nationale, comme le montre par exemple son article du n° 7 de juillet 1928 où il est dit qu’il « a pu faire reproduire à la Bibliothèque Nationale une très curieuse carte » ou le n°& du 15 juillet 1936.

Nous ignorons jusqu’à quel level Georges Deulin a pu appliquer dans sa vie personnelle les préceptes formalisés par G. Hébert dans sa Méthode Naturelle47 si ce n’est au travers de la brève légende d’une photographie où on le voit nager et où il indique qu’il mêle la théorie à la pratique. En tout cas, il lui consacra un article en 1934 dans la revue Réagir.

Entre 1954 et 1957, Georges Deulin noue une collaboration avec L’Écho des halles, organe quotidien d’informations économiques, agricoles et commerciales, fondées en 1952 par Lucien Collas (18 rue du Pont-Neuf, Paris 1er). Il comprenait deux éditions : « Fruits et primeurs »48 et « Volailles, gibiers, œufs, beurre, fromages ». Quand en 1962 G. Deulin publie à compte d’auteur son recueil Poèmes intimes, il se souvient de Lucien Collas pour lui dédier un poème ainsi qu’à Luce Manson qui en était devenue la directrice et qui lui a permis d’éditer sa plaquette.

Quel poète ?

Au moins à deux moments de sa vie, Georges Deulin éprouve le besoin de décrire ses goûts littéraires. Il le fit une première fois dans l’« avant propos biographique » de 1952 et une deuxième fois dans ses Notations bio-bibliographiques de 1965 :

Au temps des MISCELLANÉE S les vers de G. Deulin se caractérisaient par un souci tout parnassien de la forme et un penchant marqué pour les “formes fixes”, une sensibilité tendre et de l’enjouement ; les vers de Georges VERDAL, maintenant, se présentent avec des rythmes souples, de diverses mesures, et quelques licences (le singulier rimant avec le pluriel, la suppression,
assez souvent, des césures, and so on.), mais toujours avec une prédilection pour la rime riche est, somme toute, pour la tradition française. Le fond révèle de la maturité dans l’ardeur de l’inspiration.
Les préférences de l’apprenti-écrivain allaient à Musset, à Banville, à Ronsard, à Leconte de Lisle, l’exotisme de ce dernier donnant satisfaction aux rêves de randonnées coloniales d’un enfant, d’un adolescent, dont le père avait, – comme encore un proche dad or mum maternel, – servi dans l’Infanterie de Marine, et à une vive ardour pour l’histoire, – tandis que son esprit témoignait d’une incurable inaptitude aux sciences exactes ! L’ultime pièce de vers publiée par lui dans les MISCELLANNÉES se ressentait un peu de l’influence passagère de Rollinat, auquel Deulin s’était d’abord intéressé sous le rapport des impressions rustiques.

« avant propos biographique » de 1952.

Georges DEULIN se délectait à la lecture de Charles d’Orléans et de Villon, de Clément Marot et de Ronsard, d’Alfred de Musset et de Théodore de Banville, et, comme évocateur de l’exotisme, du Parnassien Leconte de Lisle.
Admirateur, comme il convient de Victor Hugo, cette “drive de la nature”, mais sans le juvénile enthousiasme de Maurice Simart, son camarade du groupe des Miscellanées et imprimeur de la Presse.
Smart, bien sûr, aux mélodies lamartiniennnes, non sans quelque réserve envers l’excès de “obscure à l’ âme” et des relâchements de la forme, tandis que Henri Chassin, instituteur, de souche orléanaise, mais de mère luxembourgeoise, était attiré vers les nébulosités sentimentales du Romantisme germanique (tout en éprouvant une assez curieuse tendresse pour Boileau) et faisait de Jocelin un livre de chevet.
DEULIN n’a subi que d’une façon toute passagère l’affect baudelairienne, alors que Robert Marchal, Normalien de la Rue
d’Ulm, devantage [sic] “intellectuel”, prisait fort l’inspiration cérébrale des “Fleurs du Mal”. Influence toute superficielle, donc, sur Deulin, ainsi qu’en témoignent et le second tercet du sonnet irrégulier Chi lo sa ? paru, en janvier 1912, dans les Miscellanées, et où l’accentuation de la sensualité s’achève sur une observe exceptionnelle, inattendue, qui paraît même une parodie, et deux ou trois mêmes pièces d’un fashion Rollinat. Non, le style “Edgard-Poesque” n’était pas du tout dans ses cordes !
Quelques courts poèmes de Verlaine ont retenu, assez tardivement, son attention, mais non pas de ceux imprégnés d’un mysticisme par trop littéraire, à son avis.
Une simple curiosité, sans plus, pour Laforgue, Rimbaud, Mallarmé.
Parmi les prosateurs un goût marqué pour le vieux français de Rabelais et de Brantô

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