Mise en voix. Textes, oralité et musique du Moyen Age à nos jours

Bibliotheques Paris

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Colloque international organisé par les postdoctorants de l’EUR Translitterae, dont Anna Arato, postdoctorante de l’EUR Translitterae – Bibliothèque nationale de France accueillie au département des Manuscrits.

Mise en voix

Programme

9h-10h30 : Sermons et prédication
Desk-ronde organisée par Svetlana Yatsyk

Marguerite Vernet (Doctorante, EPHE)
« Depuis la bouche jusqu’au cœur »: Réflexions sur l’efficacité de la parole du prédicateur dans les sermons in generali capitulo d’Absalon de Springiersbach

La difficulté dans l’étude des sermons réside dans la pressure permanente entre la dimension d’oralité qui le définit, et les sources écrites qui sont le seul moyen, pour nous, d’y accéder. Cependant c’est justement en interrogeant le lien entre ces deux pôles que la réflexion devient féconde et cela particulièrement pour les sermons du XIIe et XIIIe siècles, prêches dans le contexte particulier du renouveau pastoral où le genre du sermon est repensé au service de la cura animarum. C’est en interrogeant les traces écrites de ces allocutions que nous pourrons mettre en lumière les stratégies et procédés qui donnent au sermon toute son efficacité sur les auditeurs par les marques d’oralité, sa proximité avec le texte biblique ou encore la complexité de la démarche spirituelle proposée aux fidèles pour changer à leur cœur. À travers l’exemple de quatre sermons d’un chanoine victorin de la fin du XIIe siècle nous verrons aussi comment le texte que nous conservons n’est pas seulement un témoin de cette efficacité passée, mais réactive, à chaque lecture, la puissance du discours prêché.

Pietro Delcorno (Professeur adjoint, Université de Bologne)
« Anima respondit in italico » : linguistic tensions in late medieval sermons

In the late Middle Ages, Latin mannequin sermons composed (or recorded) in specific linguistic contexts more and more included vernacular bits, akin to prays, brief poems, and proverbs. These elements have been meant to reinforce the preacher’s oral efficiency and the viewers’s memorization of a sermon. Nevertheless, exactly these vernacular bits might develop into an issue when a Latin sermon was copied or printed in a unique linguistic context. What occurred in that case ?
By exploring a number of Latin sermons containing Italian and German elements, the paper will exemplify a phenomenon intertwined with two broader themes: the strain between the written and the spoken form of sermons and the difficulty of the steadiness/instability of these texts.

Svetlana Yatsyk (Postdoctorante, EUR Translitteræ)
« Catholic instruction of the intellect and the charitable formation of the
affect »: John of Wales’ concept and apply of preaching

The upsurge within the production of the artes praedicandi from the top of the XIIth century, notably within the Parisian milieu, indicates new consideration delivered to the type of the sermon. Nevertheless, these treatises have been not often dedicated to the oral performance; they have been principally targeted on the ways to elaborate the sermon based mostly n a thematic biblical verse. “Ars praedicandi” of John of Wales was no exception.
The primary part of this presentation will analyse the kinds of sermons John distinguished: we'll give attention to his classifications based mostly on the kinds of concordance, the theme, and its improvement, and eventually, the occasion and the audience. The second will research John’s working instruments to compose his sermons (BnF Ms 15034, fol. 127r-132r; Ms. 14947, fol. 144v-149r, 166r-171v 187r-188v) with a give attention to the appliance of his correct technique of division and subdivision.

10h30-11h Pause

11h-12h30 : Plaidoyers poétiques dans la littérature médiévale
Table-ronde organisée par Anna Arato

Anna Arato (Postdoctorante EUR Translitterae – Bibliothèque nationale de France)
« Cant Amors parlament, No.s taing galiament. » Plaidoyer allégorique et poétique du jugement à la Cour d’Amour dans la littérature vernaculaire des XIIe-XIIIe siècles

Parmi les nombreuses représentations différentes de la conception médiévale de l’amour, une place particulière est conférée à l’establishment juridique de la Cour d’Amour, lieu allégorique par excellence au sein duquel des codes particuliers régissent le comportement des différents personnages. Institution principalement littéraire, mais calquée sur la pratique juridique féodale, la Cour d’Amour constitue avant tout un tribunal d’amour symbolique, où Dieu Amour incarne le rôle du suzerain suprême. Le topos de cette Cour est attesté tout d’abord dans des textes en langue d’oc, pour ensuite être repéré par la custom de langue d’oïl, où il connaîtra un véritable succès.
A travers les siècles et jusqu’à l’ère moderne, une perception romantique de l’existence de tels tribunaux au lengthy du Moyen Âge s’est longuement maintenue. Conscients de la richesse sémantique du terme « cour », les tenants de cette idée ont eu recours à la distinction entre ‘sociétés poétiques’ et ‘tribunaux d’amour’ : les premières se seraient occupées exclusivement de poésie, alors que les seconds se seraient consacrés uniquement aux affaires amoureuses. Véritable institution juridique ou pure création de l’imaginaire poétique, le motif du procès et du jugement à la Cour d’Amour est un topos sans cesse revisité dans la littérature médiévale. Il se raffine et se différencie à travers le temps et l’espace : ainsi s’ajoutent à la casuistique amoureuse et au motif du jugement proprement dit des descriptions allégoriques abondantes sur la cour, les personnages qui l’habitent et les establishments qui en font partie.
En interrogeant les œuvres les plus emblématiques de la poétique de la Cour d’Amour, mon intervention se proposera de retracer les principaux étapes d’évolution de ce topos entre la seconde moitié du 12e et la fin du 13e siècle. L’analyse sémantique des textes, accompagnée de l’étude des renseignements codicologiques que nous fournissent les manuscrits permettra de jeter une nouvelle lumière à la fois sur la chaîne de transmission de cette riche tradition, et sur les nombreuses manières de sa récupération par les différents contextes de réception au Moyen-Âge.

Laëtitia Tabard (Maîtresse de conférences, Le Mans Université)
Les débats poétiques au quinzième siècle : textes, pratiques, photographs

Cet exposé présentera les indices qu’on possède sur la réception des disputes poétiques tardives, en parlant des pratiques de sociabilité curiale et notamment de la « cour amoureuse de Charles VI » dont on possède une Charte, des témoignages codicologiques et textuels sur le public, la circulation des textes et les modes de lecture, et de la réception qui est appelée par les débats en raison de la scénographie des dialogues.

12h30-14h30 Pause déjeuner

14h30-16h : Racine mis en musique
Desk-ronde organisée par Caroline Mounier-Véhier

Buford Norman (College of South California)
Racine, l’opéra français naissant et la cabale de Phèdre

On a pu recenser plus de trois cents œuvres de Racine mises en musique.
Cependant, quand il abandonne le théâtre profane après Phèdre en 1677, il n’y en a aucune. La tragédie parlée est la grande rivale de la nouvelle tragédie en musique à partir de 1673, et la polémique begin dès 1674, avec la Critique d’Alceste de Charles Perrault et la préface d’Iphigénie de Racine, première escarmouche de la Querelle des Anciens et des Modernes. Comment Quinault aurait-il osé choisir comme sujet d’opéra une tragédie d’Euripide ?
Dans ce contexte, on peut voir Phèdre – il y a un premier « silence de Racine » entre 1674 et 1677 – comme une réponse à Atys (1676) : une femme puissante aime un jeune homme que l’on croit indifférent à l’amour mais qui, en réalité, aime une autre. Celle-là, quand elle apprendra la vérité, sera la trigger de la mort violente du héros, qui sera l’objet d’une pompe funèbre ou d’un récit émouvants.
Phèdre fut créée la même semaine qu’Isis, cinquième tragédie en musique de Quinault. Les deux œuvres seront l’objet d’une cabale, et les deux auteurs se retireront, le librettiste pendant deux ans, le tragique douze (si on ne compte pas « L’Idylle sur la Paix » en 1685). À partir de 1689, avec Esther, une tragédie sacrée avec intermèdes chantés, presque tous les compositeurs français – et de nombreux étrangers – se tourneront vers l’ennemi de l’opéra, ou pour mettre en musique des scènes de ses tragédies, ses hymnes et ses cantiques spirituels, ou pour faire un opéra sur un de ses sujets.

Caroline Mounier-Vehier (Postdoctorante, EUR Translitterae)
“Je meurs, pour ne point faire un aveu si funeste”. Les aveux de Phèdre, de Racine à Britten

Dans la tragédie de Racine, par trois fois, Phèdre fait l’aveu de son amour interdit pour Hippolyte : à sa suivante OEnone (I, three), à Hippolyte lui-même (II, 5), puis à son époux Thésée (V, 7). Parce qu’elles contribuent à structurer la pièce et sont restées parmi les plus célèbres du théâtre racinien, les scènes d’aveu de Phèdre sont un lieu stimulant à partir duquel explorer les enjeux de l’adaptation de Racine sur la scène lyrique : remark les librettistes et les compositeurs s’emparent-ils de ces scènes ? Comment les insèrent-ils dans l’économie générale des variations qu’ils proposent ? Plus largement, pourquoi font-ils le choix de Racine et quelles traces demeurent du théâtre racinien dans l’Hippolyte et Aricie (1733, 1742, 1757) de Rameau, la Phèdre (1786) de Lemoyne, la Fedra (1820) de Simon Mayr ou encore la Phaedra de Britten (1975, 1976), entre autres exemples ?

16h-16h30 : Pause

16h30-18h : Poétique et transmission des chants au Brésil Central
Desk-ronde organisée par Ian Packer

Ian Packer – Submit-doctorant, EUR Translitterae (LAS)
Transmission, performance et poétique des chants de maracá krahô (Brésil central)

Dans cette présentation, j’aborderai certains features de la transmission, de la efficiency et de la poétique des chants de maraca krahô, peuple amérindien qui vit dans le centre-nord du Brésil. Il s’agit d’un style verbo-musical exécuté quotidiennement dans la cour des villages grâce à l’interaction entre un chanteur et un chœur de chanteuses et qui se caractérise par l’extrême concision de ses photographs verbales, qui dépeignent les qualités sensibles et les comportements d’une myriade d’êtres (animaux, plantes, paysages, and so on). En principe, ces chants doivent être transmis verbatim d’un chanteur à l’autre. Cependant, comme ils sont également connues et exécutés par les autres peuples Timbira (l’ensemble socioculturel plus giant auquel appartiennent les Krahô), une dynamique de transformation caractérise également ce régime de connaissance, ce qui retiendra également mon attention ici.

Rosângela Pereira de Tugny (Universidade Federal do Sul da Bahia, UFSB)
Poétique et dynamique d’apprentissage et de circulation des chants
chamaniques des Maxacali-Tikmũ’ũn (Brésil central)

Les peuples Tikmũ’ũn vivent à la frontières entre les états de Minas
Gerais et de Bahia au sud-est du Brésil. Ils sont les anciens occupants de la côte sud de l’État de Bahia, du nord de l’Espirito Santo et du nord-est de Minas Gerais. Après plus de trois siècles de contact avec les vagues de colonisation, leurs territoires traditionnels envahis et dévastés, les Tikmũ’ũn comptent aujourd’hui plus de trois milles personnes de langues maxakali (macro-jê). Leur sociabilité est structurée par un réseau complexe qu’ils appellent Yãmĩyxop et qui implique un système de circulation et d’attention à leurs chants. Pourvus d’une poétique concise et visionnaire propre aux événements chamaniques, ces répertoires nous interpellent aussi par l’intensité des efforts collectifs qui sont mis en oeuvre pour assurer leur permanence ainsi que leurs modes d’apparition, d’appropriation et de circulation.

Informations pratiques

  • 23 juin 2022
  • 9h00-18h00
  • Amphithéâtre Évariste Galois, École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris (accès par le bâtiment de la bibliothèque)
  • Contact : isabelle.kalinowski@ens.psl.eu

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